Texte de Sylvain Lambert

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C'est le bar des grands gestes
L'endroit où il ne reste
Que des corps ambulants
Qui se parlent en buvant

Et qui se marrent en pleurant
Qui se barrent mais qui restent
Dans le bar leurs grands gestes
Ne déplacent que du vent

Ils fument même quand il pleut
Ils sortent avec leur veste
Et leurs verres plein de feu
La rue en devient céleste

Mon amour il me reste
Plus qu'à aller faire comme eux
De mon pas le plus leste
Je traverse les cieux

Ensemble on finit les restes
De nos vies périmées
De nos joies qu'on déteste
Mais qu'on aime détester

Les espoirs en fumées
Et les pensées funestes
Qu'on balaie d'un seul geste
Le cul sur le tabouret

Et au bar des grands gestes
Les gestes de géants
Ne deplacent que du vent
Mais du vent gigantesque

Il emporte avec lui
Tous les jours qui nous restent
Qui se perdent dans la nuit
Dans l'oubli et l'ivresse

Et on atteint l'Everest
Une montagne d'ennui
D'où l'on voit l'oeil modeste
Toute sa vie en petit

C'était le bar des grands gestes
L'endroit où il ne reste
Que mon corps vacillant
Qui se noie en dedans